• Catédratico - professeur

     

    Lundi 6 mai 2024

     

    Catédratico

     

    Conte historique et philosophique

     

    Mon véritable et vrai nom, c'est Christian Diez Axnick Matilla Villar Dominguez … et dans ma famille éloignée, du coté de ma grand-mère, on trouve des noms comme Schadeck, Hermann, Gotlieb. J'ai de très vieux ascendants espagnols, allemands, tchèques, ukrainiens.

     

    Ma famille coté paternel, espagnol, est plus compacte. Il y a une bonne quarantaine d'années, nous avions des amis, originaires de Toro comme nous, mais surtout de Galice, Les Dominguez de la Torre. Il avaient aménagé dans un appartement à Sevran, à coté d'Aulnay.

     

    C'était des « Galleguitos », comme on les appelle en espagnol. Ma famille a connu dans le temps une autre famille, elle aussi originaire de Galice. Tous ont trouvé la mort dans un tragique et terrible accident de voiture à l'époque, non loin de Toro.

     

    Les Dominguez de la Torre étaient de très grands musiciens, de pointure européenne. Le père, sa femme, deux jumeaux, et Téré, leur sœur. Dans leur groupe il y avait un batteur, un français, et une française, une très bonne chanteuse, comme Téré. Il chantaient du rock'n roll et des variétés, ponctuées par quelques chansons du répertoire galicien. A l'époque des titres du groupe « Il était une fois par exemple ». J'ai eu l'occasion de voir Joëlle, la chanteuse de ce groupe, à l'hôpital de Gonesse, quelques années avant son suicide. Je l'avais aperçue aux urgences. C'était une grande dame et une grande artiste française, d'origine danoise il me semble. Son vrai nom était Mogensen.

     

    Sinon c'était vraiment un très grand groupe, le batteur chantait du rock en ouverture, des titres d'Eddy Mitchel. Ils avaient deux grands orgues électroniques, un professeur de mathématiques et de musique qui les supervisait lors de concerts, toutes sortes d'instruments, et surtout les filles avaient de très jolies voix.

     

    Mme Dominguez avait des idées fixes, elle avait son mari, qui nous avait fait goûter des chichas, et Fermin, un vieillard galicien et débonnaire. Elle souffrait. Elle disait ne pas mériter d'avoir eu deux fils jumeaux surdoués. Et lorsque son mari est mort, elle n'a pas résisté, elle s'est jetée du 7ème étage de la tour oû la famille vivait. Il fallait vraiment avoir du courage pour le faire. Elle l'a fait sur un coup de tête.

     

    Ainsi s'est terminée l'épopée d'un des plus grand groupe de variété et de rock'n roll français, mais aux origines galiciennes. Je les avais vu avec mon père, mes frères, ma mère et des amis. Ils chantaient du rock, du rockabily, des variétés françaises, des chanson comme « Santa Lucia » ou « Te canto a Galicia ».

     

    Comme quoi si j'ai de lointaines origines espagnoles, oû l'on retrouve un Dominguez, eux étaient vraiment au sommet de leur art et des variétés au sens large. Chanter est un sacerdoce, une fin en soi, et ils étaient véritablement de très grands artistes et de très grands musiciens.

     

    J'ai fondé un groupe aussi avec les amis qui étaient venus avec nous les voir en concert. Mais il n'a pas duré.

     

    En Espagne, les « Catédraticos » ce sont taillés la part du lion en ce qui concerne le clergé. Sous le régime franquiste, l'église catholique vivait unie et soudée. Le clergé était très bien formé. Sinon, Franco s'est aussi allié aux laïcs, aux juifs, aux musulmans, au protestants. C'est lui qui s'est le mieux allié, alors il a duré plus longtemps que les autres.

     

    Les idées républicaines ou été déconsidérées, soit parce que démagogiques, soit parce qu'utopiques. Pourtant, en dehors du socialisme, la république a eu aussi ses heures de gloire, mais elle n'a pas su prendre et conserver le pouvoir dans une Espagne conservatrice et traditionaliste.

     

    Mon père était plutôt démocrate, il a été aussi un des plus grands peintre et laqueur décorateur du siècle dernier.

     

    Aujourd'hui, la liberté est totale, les degrés de liberté sont devenus plus importants, pour toutes sortes de raison.

     

    L'agression russe remet en cause la cohésion européenne, elle remet en cause les intérêts nationaux et fragilise la paix dans son ensemble. Une fois de plus, l'Ukraine est sacrifiée, vilipendée, accusée, calomniée alors que tant d'ukrainiens ont été déportés en 39-45.

     

    Les russes ont fait sauter les derniers verrous qui assuraient la paix. Aujourd'hui les soldats russes sont payés pour casser de l'ukrainien, on les y incite.

     

    C'est là oû beaucoup ont appris à contourner l'église et son enseignement, la catéchèse, les vertus cardinales. Les dirigeants politiques ont fait filer les peuples vers la guerre. C'est un cataclysme et une horreur.

     

    Je garde un sensibilité socialiste, car les idées de la droite sont dans l'impasse. Un monde, artificiel, fait de surenchère et de démagogie freine désormais la marche vers la paix.

     

    La mort de mon frère David en 1998-1999, juste peu avant le millénium, m'a définitivement éloigné des aventures politiques. Nous vivons comme le disait mon père « dans la vallée de la mort ». La tempête avait tout saccagé, les toits, tout. L'atelier est parti en lambeaux. Le toit entièrement arraché.

     

    Investir aujourd'hui coûterait beaucoup d'argent.

     

    Comme je vous l'ai dit, les Dominguez de la Torre ont tutoyé les sommets de la musique populaire européenne, et les amis avec lesquels j'étais allé les voir m'ont plus tard emmené à mon tour voir un des plus grands groupes de rythm'n blues de l'époque. Nous même avions du reste formé un petit groupe.

     

    C'était vraiment un très grand groupe, en partie autodidacte, puisant une partie de son inspiration chez Eric Clapton et J.J. Cole. Mustapha, chanteur et soliste d'origine tunisienne, comme Shiri Maïmon aujourd'hui, tenait la baraque. En plus, il y avait un orgue, des solos extraordinaires de sax et d'harmonica, une rythmique et un bassiste. Ce groupe tenait la dragée haute aux plus grands groupe de rythm'n blues américains ou anglo-saxons, avec de très bon solos, notamment au niveau des cuivres.

     

    Ils sont partis en tournée en Amérique, et gagnaient plus de deux millions par nuit. C'est dire que c'était un très grand groupe, parti amateur et arrivé professionnel.

     

    La musique, ça se conquiert aussi. C'était vraiment de la grande musique moderne.

     

    Hier je suis allé rue de Thorigny, à l'hôtel Aubert de Fontenay, ou hôtel Salé, visiter le musée national Picasso. Je ne l'ai pas regretté. Tous les grands marchands d'art de l'époque étaient là, Daniel-Henri Kahnweiler, Léonce Rosenberg et le marchand allemand Wilhelm Uhde, qui s'est notamment occupé de Séraphine de Senlis.

     

    Cet hôtel correspond à une dation faite par la famille Picasso en 1985.

     

    Ce sont surtout ces marchands là qui ont contribué à financer l'art abstrait et le cubisme.

     

    On y trouve des oeuvres de Fernand Léger, de Max Jacob, de Jean Metzinger, des natures mortes d'Henri Matisse, des fresques surréalistes et métaphysiques de Giorgio de Chirico, et d'autres œuvres encore, un peintre arménien. Le musée Picasso permet surtout de contempler les œuvres cubistes et abstraites de Pablo Picasso.

     

    Picasso était un des rares artistes de gauche, on sent bien la recherche dans son œuvre, cette volonté de fuir l'académisme et de tenter de nouvelles aventures modernistes et expressives.

     

    Mon père, qui était plutôt à droite, fût un des plus grands peintre et laqueur décorateur du siècle dernier. Maruja, la fille de son oncle, qui fût maire républicain de Toro, fût aussi une des deux ou trois fondatrices de l'orchestre de la radio-télévision espagnole ( RTVE ).

     

    Elle connût de très grands musiciens, tchèques, israëliens, espagnols, allemands, dont Narciso Yepès avec lequel elle était très amie, ou encore Daniel Barenboïm, ou encore Cobos, le chef d'orchestre espagnol près duquel elle est enterrée, Salamanque ou plutôt Madrid. A la fin de sa vie, elle avait un appartement à Madrid.

     

    J'étais allé l'écouter au consulat d'Espagne ou elle avait joué du violon avec un très grand pianiste tchèque. A l'époque se tenait une exposition sur les gravures de Goya, et les ravages de la guerre.

     

    Elle fit des tournées triomphales avec l'orchestre national de le RTVE, avec Ravel, toutes les symphonie de Beethoven ( une à chaque étape ), les classiques espagnols, Turina, de Falla, Albeniz et j'en passe. Elle m'avait offert un disque 33 tr, la 5ème par Kurt Mazur.

     

    Maruja était une virtuose et une très grande violoniste, « la prosora », comme nous l'appelions. Elle était plutôt de gauche et profondément socialiste. Mais le destin ne l'a pas épargnée, comme Mere elle a perdu son père, elle a du travailler dur. J'étais allé la voir au TMP, ou s'était produite une des plus grande mezzo-soprano argentine du monde, qui chantait dans ce répertoire classique argentin si magnifiquement exceptionnel. L'orchestre avait terminé par du Ravel.

     

    Ma famille est une famille d'artistes. Avons nous des liens familiaux avec les Dominguez de la Torre ? Je l'ignore, je sais simplement que j'ai des ascendants qui s'appellent Dominguez aussi.

    Les Dominguez de la Torre étaient de Toro aussi, puis sur Sevran.

     

    Aujourd'hui, beaucoup de grands artistes de variété ne sont plus là. La musique populaire, ce n'est pas si facile qu'on le croit.

     

    Aujourd'hui, j'aimerai perpétuer cette tradition de famille d'artiste. Mais pour cela, il me faudrait rouvrir un atelier pour continuer dans la laque et la décoration, métier difficile et rare.

     

    Je manque de moyens pour le faire, et les banques sont assez frileuses pour prêter de l'argent.

     

    D'un autre coté, nous avons presque passé le quart du XXIème siècle. Il faut essayer de se projeter dans l'avenir, et de l'anticiper.

     

    J'ai par le passé travaillé une dizaine d'années avec Andrés Serrita, un des fils spirituels de Sabicas. Il était alors un des plus grands guitariste de zambras du monde. Je me souviens encore de ce concert de Manuel Torres en 1982, lorsqu'il avait remplcé Chano Lobato. Un immense ténor qui couvrait l'audience à des kilomètres.

     

    La magie de la musique, c'est ça aussi. On ne décrète pas la musique, on la vit et elle vit en nous.

    La musique est un langage universel.

     

     

    Christian Diez

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