• Psy - 3 - français



    Photo avec Sandra, la fille de Pepe Perez, le frère aîné de Pédro Perez, dont il était le parrain.



    Manuel Diez Matilla : un destin oublié



    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    3ème partie

    Refonte au mercredi 24 novembre 2015

    Par Christian Diez Axnick



    Touche avec la sueur.

    Toi prudent et avec amour.



    Mon père avait fait le salon des indépendants avec Prudencio Salvador Asencio, un surréaliste catalan. Celui-ci était de la famille de Micaela Asencio, la bonne de mon curé de baptême, le R.P. Don Primitivo Belver, un de ses proches amis, comme l’était le père Charnin à Montmartre, un suisse.

    J’avais passé une quinzaine de jours avec eux un an avant les jeux olympiques de Barcelone et nous avions visité la catalogne. La bonne du curé comme disait mon père, en référence à la chanson d’Anny Cordy qui le faisait tant rire. Depuis la mort de Primi, je l’ai appelée, l’évêché lui a versé une somme d’argent dont elle aurait pu ne rien toucher si elle avait laissé les choses continuer ainsi.
    Tout a failli lui passer sous le nez. Elle m’a dit que mon père était « un padrazo », et il est vrai qu’il était assez possessif avec ses fils. Micaela a toujours été une femme très drôle, dotée d’un fort sens de l’humour.

    Ce tableau de Prudencio qui n'apparaît pas sur elkablog préfigure t’il la disparition de Primitivo ? Une créature avec un squelette de sardine asséchée sur le désert aride et sec?

    Sans doute.

    Et celui-ci n’est pas sans rappeler le sacerdoce et le service religieux, avec quelques allusions à la Pâque.

    Celui-ci est très intéressant, avec ces trois bonshommes devant un miroir déformé, sur un damier. Le temps se dilate et se déforme, jusqu’à l’espace au loin. Le miroir a trois reflets, les personnages se dupliquant, avec une espèce de paon derrière eux.

    Celui-ci traite à nouveau l’espace ou la nature survit et se débat comme elle peut. Le suivant évoque le temps, la musique et la déformation temporo-spatiale.
    Le tableau ci-dessus est davantage d’inspiration ibérique et guerrière. Le suivant est une espèce d’allégorie de la liberté.


    Je dois le dire, la Catalogne est tout de même une très belle région ou j’avais conseillé à mon père de venir peindre. Primi et Micaela m’ont fait visiter une splendide villa que leur propriétaire leur avait donnée à garder.


    La vue depuis le haut sur la terrasse était extraordinaire, et j’ai dormi dans un lit fabuleux, un lit Wiking, une pièce en bois superbe et majestueuse, solide et massive, une véritable merveille d’ébénisterie. La villa était magnifique, un joyau comme on n’en trouve qu’à Sitges, à deux pas de la plage.


    J’ai beaucoup souffert lorsque les catalans de Samaranch et Maragall ont obtenu les jeux dans l’indifférence générale, eux qui ont exterminé la moitié de l’Europe avec les nazis, rayé de la carte les états Baltes, participant ainsi aux plus grands massacres de masse de l’histoire de l’humanité comme je l’ai déjà dit dans le manuel d’introduction. Je me serais satisfait de quelques manifestants dans la rue, la ou des milliers seraient nécessaire pour que l’Europe démocratique se réveille enfin. Pas un chat dans les rues, quelle déception, quelle honte pour le pluralisme et la lutte des classes. Les souverainetés sont confisquées. 8 millions d'européens ont voté pour eux.

    Pourtant, je les remercie presque aujourd'hui, car finalement, ils ont donné une singularité, une originalité au jeux. Ce n'est pas totalement insignifiant non plus. Là sont tous les errements du christianisme aussi. Les jeux de Barcelone virent l'ultime baroud d'honneur des derniers nazillons d'Espagne. Ils sonnèrent quelque part l'échec de ma génération.


    Lorsque j’étais à la fac en 1983, nous avons eu 6 mois de grève des conférenciers, alors que les militants d’extrême gauche de l’UNEF prenaient 1H30 sur 2H00 de conférence, 3 mois de grève de l’administration, 8 facs venues manifester à Paris, sans compter les vols d’U.V., l’échec pour la 20ème année consécutive de la réforme universitaire. Le drame de la gauche, c’est de ne pas savoir cadrer en fonction de ses objectifs. Quelque chose est bancal, asymétrique, deux poids deux mesures comme à droite. Tout cela m’a obligé à quitter l’université pour l’armée.

    Aujourd’hui, rien ne va non plus, rien n’a évolué faute de prise de conscience.

    Les réformes ont toujours échoué systématiquement. Ma mère allait à la Sorbonne il y a déjà pas mal d'années en auditeur libre par contre.

    Je dois dire, car beaucoup de gens dans ma famille étaient et sont plutôt socialiste ( Maruja, , qui n'est plus là aujourd'hui, David, qui lui aussi n'est plus là ) que j’ai tout de même une assez bonne opinion de Mr Lionel Jospin. Ingo avait été invité à un banquet du coté de Tours je crois. Ils étaient quelque uns à table. Lorsque j’étais arrivé à Paris IV pour m’inscrire à Paris I, j’étais tombé sur lui en 1983, et lui avait demandé ma route en quelque sorte. Jospin m’avait renseigné. C’est un brave homme, intelligent. Son échec à la présidentielle n’est pas le reflet de ses grandes qualités humaines. Un de mes anciens camarades de classes l’a eu comme conférencier en histoire plusieurs années. Il avait été pris à partie en Palestine, comme Michèle Alliot-Marie il y a 20 ou 30 ans. Mais globalement, Lionel Jospin a su apporter sa modération aux forces de gauche. J'ai croisé la route de Pierre Mauroy aussi peu avant sa disparition.


    Heureusement, j’avait fait ce voyage à l’invitation de Primi un an avant les jeux. J’étais pour un boycott clair et net, mais on ne nous a pas laissé nous exprimer. Mon séjour en Catalogne fût inoubliable, à Barcelone, à Tarragone, à Sitges, sur la côte. Le musée Dali est magnifique.

    La tapisserie de la Création à Gérone est une pièce unique.


    André Serrita, mon ancien professeur de flamenco, un proche de Sabicas, est né dans le quartier gitan de Barcelone, le quartier le plus pauvre. Sabicas est un des plus grands flamenquiste de l'histoire, avec Carlos et Ramon Montoya, Escudéro, Paco de Lucia, ou encore aujourd'hui Vicente Amigo. Le père d'Andrés était aussi un grand guitariste de classique et de flamenco.


    Ce voyage est l'un des derniers que j’ai fait en Espagne lorsque j’ai eu l’occasion d’être avec Primi, après je suis allé à Toro en 2011 chez Mere. Et au mois d'août 2021 récemment.

    Et puis lorsque l’on voit comment Sarkozy a vainement tenté de piller notre patrimoine national, il faut se rendre à l’évidence, nous sommes sur la défensive dans un monde instable aux lendemains incertains.

    Il procédait avec un mode opératoire qui consiste à débaucher les gens, notamment les gens qui se disent de gauche, ou des gens immondes, traîtres et parvenus comme Séguéla, toute cette cohorte de lèche-bottes.


    J’aurais bien fait une année de plus avec Yvette Taborin à Paris I Tolbiac, mais le vol de mes U.V. m’a dissuadé de continuer l’archéologie et l’histoire dans une université ou régnait l’anarchie la plus complète. C’est une des dernières intellectuelles communiste, marxiste, la dernière a avoir connus les plus grands théoriciens russes, français du communisme, doctrine venue d’Allemagne, puisque Marx était un baron allemand. Mais les russes ont fait encore plus fort théoriquement. C’était aussi une grande préhistorienne et traumatologue.

    J’irais presque jusqu’à dire qu’après Sartre et Simone de Beauvoir, elle est la dernière des intellectuelles de gauche qui ait eu sa chaire de conférencière, a avoir influencé les gens de gauche.


    Le salon des indépendants, que mon père fit avec Prudencio, car à l’époque il voulait que je l’aide à vendre en France, il avait déjà fait des salons prestigieux et ses œuvre étaient cotées, fut il faut bien le dire un échec. Personne ne fit attention à nous, pourtant l’œuvre de Pruden est remarquable. L’expédition que nous fîmes ne connut aucun succès. Il est vrai aussi que mon père n’y exposât que des toiles de petite facture. La vue que nous avions sur les champs de M. Lemoine à l’époque ou les promoteurs n’étaient pas encore venus. Depuis ils ont construit devant chez nous. Avant, il y avait des champs partout autour. Il avait amené également des vues du musée Cortot qui a vu passer tant
    de peintres. Le dernier grand peintre a y être passé est mon père, qui fût un des plus grand laqueur décorateur en ameublement du 20ème siècle.


    Renoir est le premier d’entre eux à s’être installé au 12 rue Cortot. Mon père n’appréciait pas sa peinture. J’habite aujourd’hui rue de Strasbourg à Arnouville.


    Utrillo y a vécu aussi. Parfois, ivre, il jetait ses pinceaux sur les passants. Sa mère, Suzanne Valadon, y est venue aussi. Elle était du Limousin comme Renoir.

    Beaucoup d’autres y sont venus, presque tous les impressionnistes, dont Van Gogh, Cézanne.

    Il n’y a pas un seul numéro de la rue Lepic à Montmartre ou des célébrités n’aient pas habité.

    Un soir, nous avons failli aller voir Dalida, mais nous n’avons pas osé.


    Je dus monter les tableaux sur le toit de ma voiture et emmener tout le chargement, Prudencio avait mis et placé ses toiles dans de petits coffrets en bois qu’il avait confectionné.

    Le voyage fût difficile. Mon père était particulièrement coléreux. C’était une des dernières chances pour lui. Le voyage de la dernière chance.

    Beaucoup rêvent des indépendants, mais seules les célébrités s’en sortent financièrement.

    Ou encore tout au plus quelques contestataires, quelques artistes modernes, anticonformistes, surprennent et vendent. Pour cela ils bénéficient de tout un réseau commercial et de clients assurés et fidélisés.


    C’est la dure loi du marché de l’art. Ce sont des hommes d’affaires américains et des journalistes allemands qui ont lancé Picasso, à ses débuts lorsqu’il faisait pas mal d’eaux-fortes. Le marché de l’art a ses codes. Moi j’ai fini par aimer Picasso, notamment sa superbe toile « Massacres en Corée » qui se trouve au musée Picasso de Paris. C’est une œuvre réellement engagée, qui montre l’anonymat des tueries, la dérision qui accompagne les droits de l’homme. Il s’est beaucoup lancé en France aussi, au bateau-lavoir. C’est là qu’il a peint les demoiselles d’Avignon et Guernica je crois qui se trouve aujourd’hui à Madrid.


    Prudencio, vous l’aurez remarqué, se trouve en tant que catalan naturellement influencé par Dali. Certaines de ses toiles surréalistes portent des numéros, des chiffres, comme le chiffre 7.



    Les chiffres ont une place et une signification prépondérante. Dali est vraiment un monument du surréalisme, comme mon père est un monument des paysages aquatiques et floraux cellulosiques, ou des ocres et des gris dans la peinture à l’huile.



    ( détail du tapis de la création )



    La peinture de Dali est une peinture propre, illuminée, ou le sujet occupe une place prépondérante. Comme je l’ai dit, mon père a passé les trois dernières années de ce qui fût sa carrière au musée Cortot, dont il haïssait le directeur, Mr Charpentier, qui ne lui avait versé que la moitié de son salaire en trois ans.


    Il a fini par avoir gain de cause en justice, au terme de deux ou trois ans de procédure.



    Charpentier s’est payé le luxe de se faire inviter à l’époque sur le petit écran, à la télévision, ou il a présenté l’enseigne du Lapin Agile. C’était les années de plombs, les années Mitterrand, les années ou Thierry Paulin terrorisait le quartier, les pires années qui soient.

    Mon père lui a collé toute une série de recommandés, d’avocats, de témoins, d’huissiers.


    Aujourd’hui, nous sommes en quelque sorte dans l’extrême inverse, les gens sont décontenancés, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Sarkozy a verrouillé les médias, débauché les opposants à tour de rôle, le système Sarko était cadenassé. Le système Macron est plus libéral.


    C’est ce verrou qu’il faudra faire sauter le moment venu. Trop de gens le trouvent intelligent, alors qu’il est le représentant d’un des pires systèmes de pensée, d’un des pires nationalismes d’Europe. Le sortir de là sera très difficile, et je ne sais pas encore si je pourrais mener ce combat.

    Il faut une solution de rechange, une stratégie globale, la volonté d’en finir avec le système actuel. Pour cela, la gauche doit à la fois savoir pardonner et savoir réorienter ses idées.

    Elle doit se remettre en question.


    Comment se fait-il qu’un peintre comme mon père, dont la production représente des milliers de toiles à l’huile, de pastels, d’acryliques, de tables, de meubles, de paravents, sans compter ce qu’il fabriquait avec l’argile du Téjar, comment peut-il se faire que la société l’ait abandonné, comme elle a abandonné David, comment peut-on en arriver là ?


    C’est une vraie question qu’il faut avoir le courage de poser. Si l’on veut un jour repartir sur des bases saines, il faut résoudre ces questions. Il faut un accompagnement, que des investisseurs fassent quelque chose, et non les profiteurs, les spéculateurs, les hommes d’affaires et les commerciaux sans scrupules.



    ( autre détail du tapis de la création )


    Nous vivons dans un monde ou les gens sont divisés, séparés par leurs idées et leurs intérêts, ou les différences se ravivent. Tout est séparé, cloisonné. Le monde a connu de profondes mutations depuis les années 70, depuis la fin trente glorieuses qui vont me semble t’il de 48 à 78. Il ne sera plus jamais comme avant.


    Il faut proposer, concevoir un avenir, et ne pas s’abstraire de cet avenir, même si les temps ont changé. Je ne veux pas non plus faire de démagogie. J’aimerai retourner à la terre, Hanifia et moi voudrions acheter un pavillon et vendre l’appartement. J’aimerais en revenir aux pinceaux, et cesser cette vie tumultueuse et insoutenable ou l’on ne vous garde que deux ou trois semaines dans le bureau d’études ou vous débarquez.


    Oui, il faudrait que je me stabilise professionnellement. Mon grand regret, comme pour Hanifia, est de ne pas avoir pu avoir d’enfant. Et puis, je devrais davantage travailler de mes mains, et laisser un peu tomber les ordinateurs. Il faut consolider nos maigres acquis.


    L’air du temps est aux révolutions, mais ma génération, les castes ou les classes par lesquelles je suis passé, n’a pas pu réellement s’exprimer. L’audiovisuel est cadenassé, par Bouygues, par Berlusconi. Il faudrait que tous ces chevaliers blancs cèdent un peu plus la place au peuple. Ils n’ont jamais rien fait ni levé le petit doigt pour que les courants contemporains puissent s’exprimer, profiter éventuellement de ce formidable outil qu’est l’audiovisuel, ou l’on ne sert plus que des petits fours et des amuse-gueules aux invités sur les plateaux. Pourtant, les satellites, c’est tout le monde qui les paie.


    Tous ne jurent que par l’audience, raisonnent comme des médias puissants, mais à courte vue et dans des limites conjoncturelles. On ne bâti plus rien avec ce système privé et fermé à toutes les initiatives, ou les présentateurs ne lâchent du lest que de temps à autres, et encore, pour mieux noyer le poisson par la suite et étouffer les révolutions dans l’oeuf. Ils font tout pour se maintenir dans un système devenu aujourd’hui archaïque, une télévision qui ne correspond plus à notre temps et aux problèmes à venir, fermement aux mains du pouvoir.



    Aujourd'hui je travaille dans le dessin industriel chez le leader national en matériel d'entretien de voies ferrées, et nous exportons partout en Afrique, en Europe, en Amérique du sud et dans le monde.



    Christian Diez Axnick.



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  • Psy - 4 - français



    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    4ème partie

    Refonte au jeudi 25 novembre 2021

    Par Christian Diez Axnick



    Tu es sorti et tu es parti.



    S’il est un ouvrage que je recommande au amoureux de Montmartre, c’est le « Guide de Montmartre » ( Guides Horay ), qui s’attarde à décrire avec une extrême minutie toutes les rues et leur légendaires locataires, tous les lieux prestigieux, les adresses des impressionnistes, sans compter la mire du Nord, au 3 rue Girardon, chemin des deux frères.



    Lorsque je suis allé au concert de Maurane « O Nougaro », elle a confié au public que Claude Nougaro et Diane Dufresne ont habité Montmartre, ou elle s'est produite également.


    Ci-dessus un meuble réalisé par mon père à l’atelier dans les années 70, mais qui n'apparaît pas sur elkablog je crois..



    Rigueur et sobriété des tons cuirs caractérisent l’œuvre.


    La toile de Dali, souvenirs d’Afrique témoigne elle du mysticisme de l’artiste, et au delà des courants modernes de l’époque.



    C’est en revanche un homme un peu seul et paisible, face à lui-même et à son destin, sur le cliché du bas que nous retrouvons.



    Le contraste est saisissant, il témoigne bien de la réalité. Ci-dessous le fameux tapis de la création à Gérone. Une pièce unique. Mon père ne l’a pas vu. Je risquerai cependant un parallèle dans le domaine des idées forces.



    En effet, s’il est une réalité difficile à élucider avec un peintre comme Manuel Diez Matilla, c’est de savoir comment il a pu rayonner sur la peinture durant des décennies, insuffler un tel esprit, avant de périr dans l’oubli et d’horribles conditions de fin de vie. Son calvaire a duré deux ans, et personne n’a eu le courage de l’abréger.

     

    Oui, il ne faut pas l’oublier en dépit des systèmes de propagande bien rôdés qui existent, mon père venait d’un milieu ouvrier et modeste, il a toujours été modeste. Le Toro de mon enfance, et à un niveau beaucoup moindre la Castille, le pays basque et Madrid, sont à l’époque des régions assez misérables. La misère est encore partout. La langue, basque, et au-delà la civilisation indo-européenne vivante dans le monde basque, est une grande langue, très intéressante.


    Toro est un des principaux berceaux de la chrétienté en Europe, mais aussi et surtout un bastion populaire, un lieu ou l’expression du peuple, ses tendances, ses goûts, ses traditions, sont quelque chose qui est encore resté très fort. Le lien avec le moyen-âge, avec le siècle d’or, le style plateresque, avec les origines mauresques, la gouaille populaire, l’enracinement de ce lieu magique
    du christianisme, tout cela a conditionné les structures mentales de l’artiste.


    Les «Toresanos » sont des gens d’un certain goût, d’un certain art de vivre. Honnêtement, lorsque mon père a démarré dans la peinture alors qu’il avait à peine 4 ans et se fabriquait des soldats avec l’argile du Téjar vers 8 ans, des billes, il demandait souvent l’avis de mon grand-père ou de ma grand-mère, il était trop petit pour suspecter son talent, et essayait de voir, de savoir ce que les autres pensaient de sa peinture. Une fois plus grand, il continuait à leur demander leur avis, et aussi celui de sa sœur avec laquelle il est toujours resté très proche, ma tante Angelita.


    A l’époque, la liberté d’aujourd’hui, le mépris affiché pour les conventions, tout cela était absent de la morale chrétienne, cela n’existait pas, purement et simplement. Les gens étaient et vivaient heureux, l’idée même de haine comme de nos jours n’existait pas. Seule la guerre civile a bouleversé une importante partie des esprits et des comportements. Mais ce monde ouvrier, sécularisé et au mode de vie si paisible, vif, aux forces puissantes, vivait dans un cadre très ancien encadré en partie par l’église ou mon père devait puiser nécessairement son inspiration.



    A vrai dire, c’est la puissance de son génie qui devait peu à peu le mener à de plus grands projets, dont celui d’émigrer en France une fois sa décision prise. Il faut donc considérer le cadre de la naissance de son œuvre. Et aussi sa faculté à changer brusquement de direction.

     

    Son départ en France correspond à un changement brusque et soudain. Il devait envoyer un peu d’argent à ses parents, comme la majeure partie des immigrés. Comme il l’a toujours dit, il est venu en France pour travailler, ce que bien des gens ne comprenaient toujours pas ici.


    Le peuple espagnol est un peuple d’un goût immense, et mon père synthétisait bien cet acquis prodigieux, qu’il n’a cessé de faire fructifier. Je dois le dire ici, étant d’une constitution physique assez faible, sa vigueur physique était énorme, quel contraste avec sa fin de vie ou il n’était plus qu’un légume de quelques kilos. En France, le médecin lui avait confié qu’il n’avait jamais vu des poumons comme les siens. C’est dire s’il était fort, et travaillait d’arrache-pied. Il faut une sacrée dose de force physique pour peindre et travailler avec les pinceaux et la peinture comme il l’a toujours fait. Il avait aussi le coup d’œil, l’intelligence du maître accompli.


    Comme partout et toujours, ombres et lumières nous habitent. Manuel Diez est vraiment le peintre qui a su donner une direction, dégager de vraies solutions d’avenir. Son aventure picturale commence sur les rives du Duero, le long des châteaux et des paysages de Castille, et se termine à Paris, en passant par une bonne partie de l’Europe, la Sologne et le pays basque notamment, sans compter les Calanques de Marseille..


    Beaucoup de ses œuvres se sont dispersées. Et puis il a fait tant de meubles, de tables pour le décor du logis, Mme Mush, Mme Weintraub, le grand trianon à Versailles, le petit trianon aussi je crois, tant d’autres clients, Biarritz, Deauville, Tours. Son œuvre gigantesque est aujourd’hui éclatée un peu partout dans le monde, elle s’est dispersée à travers toute la famille et les amis, les
    acheteurs.



    J'ai eu l'occasion de visiter toute la région en août 2021.



    Christian Diez Axnick.

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  • Psy - 5 - français



    Manuel Diez Matilla : un destin oublié



    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    5ème partie

    Refonte au vendredi 26 novembre

    Par Christian Diez Axnick



    Nous avons vu le détail du char solaire sur ce même tapis. Ci-dessous le Pantocrator, autre détail du tapis. Le Pantocrator, c'est Jésus-Christ, à ne pas confondre avec le démiurge mais c'est tout comme. Mais ces clichés n'apparaissent pas sur elkablog je crois.

    Ci-dessous Christ assis de mon père. Le cliché n’est pas de très bonne qualité.

    Je voudrais préciser un fait, c'est que je suis donc allé chez Primi à Barcelone un an avant les jeux. Primi incarnait véritablement l'Espagne franquiste.

    En fait, je voulais aller à Toro, ou voir le reste de ma famille à Alicante. Mais finalement, je suis allé chez lui. Ingo y était allé avant. Nous étions très amis.

    J'ai donc préféré répondre à l'invitation de Primi ( mon curé de baptême ). D'ailleurs, j'ai bien fait, car il est décédé depuis. Il avait un sens de l'humour peu commun.

    La Catalogne, comme toutes les régions d'Espagne, possède ses propres clans nationalistes, et même un nationalisme bien ancré et ancien, redoutable du reste. A l'époque Terra Llure a fait un attentat qui a coûté une jambe à un guardia civil.

    Je suis parfois dépité par les rivalités, par exemple footballistiques, mais pas seulement, entre la Catalogne, Barcelone, et la Castille, Madrid. C'est très pesant en Espagne, même si les gens sont toujours fraternels entre eux. Tous vivent sur le même palier, ou lavent leur linge ensembles.

    Mais après, c'est une tout autre histoire, certains catalans sont « muy la Cata », et font sombrer l'Espagne dans le nationalisme le plus raciste, le plus arrogant et le plus dur, alors que les problèmes par exemple avec le pays basque sont déjà terribles.

    « Vosotros nada ! », disait mon père. Et il avait ses raisons. Sinon, la nation espagnole est relativement soudée, mais ces divisions, ces chamailleries entre régions plombent parfois l'ambiance. C'est le coté obscur de la force.

    Par contre, il n’est pas faux que parfois la Catalogne tire plutôt l’Espagne vers le haut, mais ce n’est pas forcément entièrement vrai non plus. C’est plutôt le cas cependant si on prend l’exemple de champions comme Carlos Moya.

    Mon père ne tenait pas à ce que j’aille en Catalogne, mais je voulais quand même connaître un peu mieux l’Espagne. C’est une très belle région. Mais Micaela elle-même a parfois critiqué ceux et celles qui sont « muy la Cata ».

    Et puis les gens sont pleins d’idées, mais lesquelles aussi après tout.

    Moi j’ai surtout vécu en France, et très peu en Espagne. J’aimerai y retourner, mais je n’ai pas vraiment le temps ni les moyens. Mon père a consacré toute sa vie à la peinture, et ne s’intéressait pas à grand-chose d’autre dans la vie. Si, ses amis, ses employés ou ses clients. Après la fermeture de l’atelier il a continué à peindre. Mon frère aîné peint un peu encore, moi pas trop.

    J’aimerai davantage me consacrer à la peinture, et je compte repartir en direction de cette muse, mais il est vrai que je manque de temps et de moyens, de courage et de volonté aussi. Cela dit, je compte peindre à nouveau dans un délai raisonnable. Je compte me reprendre en main et aborder l’avenir avec de nouvelles compositions.

    Il ne faut pas partir avec l’idée d’un Manuel Diez très giscardien, voire franquiste, ce qui n’était ici pas du tout le cas. Le père de Méré, ma tante, était en revanche franquiste. Mon père était un inconditionnel de Giscard. D’ailleurs son oncle a été un élu de Toro, puisqu’il a été maire républicain de la ville après la victoire de 36, avant d’être assassiné durant la guerre civile. Mon père avait certes des idées assez à droite, mais seul son métier et ses clients le captivaient. Il faut plutôt comprendre que la France est devenue peu à peu un pays très hostile aux immigrés. La montée de la gauche caviar a précédé celle de l’extrême droite. Bruxelles a condamné la France en matière de droits de l’homme, et à de très lourdes amendes. Etre immigré en France n’est pas de tout repos. Il n’y a sans doute pas 30 000 meurtres commis chaque année comme aux Etats-Unis, mais il existe une hostilité très marquée contre les immigrés, récurrente avec le discours interminable tenu par le front national.

    Mon père est venu en France pour travailler. Il faut bien faire prendre conscience aux français que le pays s’est mis progressivement hors la loi. Le discours de haine qui est tenu contre les immigrés, les juifs, les noirs, les arabes, est constamment alimenté. Les plus hautes instances européennes ont condamné la France. Dans les autres pays de l’union européenne, aucun discours de cette nature n’est tenu contre les travailleurs immigrés. Ce serait un scandale.

    Il faut savoir crier gare. Moi-même qui suis français, j’en avais marre aussi de ces missions d’intérim de quelques semaines qui ne débouchaient jamais sur rien. Il faut aussi savoir remettre les français à leur place. Ils se sont amusés depuis de longues années déjà à contourner le droit, les conventions internationales, le droit du travail notamment. Une telle évolution ne pourra pas continuer. Il faut rompre avec les thèses xénophobes avant qu’il ne soit trop tard, et que le pays ne devienne une fournaise. Il manque une véritable prise de conscience du péril que représente la montée des thèses xénophobes. Il faudra sérieusement songer à repartir sur de bons rails.

    Manuel Diez était un combattant. Il s’est battu contre Charpentier, contre Claude Estier. Il était dans son droit, je dois le rappeler. D’ailleurs je l’ai dit, la cour européenne des droits de l’homme a condamné la France à de très sévères amendes. Les français doivent avoir présent à l’esprit qu’ils devront payer s’ils s’obstinent à persévérer dans cette voie. Et cela ne suffira probablement pas d’ailleurs. Il n’est pas possible de faire tout ce que l’on veut pour ne faire que payer par la suite.

    Je voudrais que les français se ressaisissent, et abandonnent les dogmes dépassés de la haine de l’autre. Il est temps d’en revenir à une société plus solidaire et plus équitable.

    J'en ai parlé dans ma 4ème étude, le baroud d'honneur des derniers nazillons d'Espagne lors des jeux de Barcelone, correspond aussi quelque chose qui clôt le champs des possibilités politiques et rompt définitivement avec les traditions de gauche, et qui n'a pu avoir lieu que grâce aux suffrages en réalité de 300 millions d'européens. La France n'est plus un exemple en matière de droit et d'intégration, loin de là. L'extrême droite est beaucoup trop présente en France et en Espagne pour qu'on puisse dire cela.

    En fait, le droit est menacé depuis le début des années 90. Le relative crise qui a secoué l'Espagne avec les indépendantistes est désormais terminée. Le droit doit parler et avoir sa place.

    En Espagne la droite nationaliste a éclaté et fusionné. Le pays est très à droite.



    Christian Diez Axnick

     

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  • Psy 6 français



    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    6ème partie

    Refonte au vendredi 26 novembre 2021

    Par Christian Diez Axnick



     

    Ci-dessous une table ronde ivoire faite pas mon père, d’une grande richesse ornementale. Mais elle n'apparait pas sur elkablog.

    Ci-dessous deux toiles de ma grand-mère, aux tons froids verts et bleus, qui témoignent de sa longue et douloureuse maladie : l’alzheimer.

    Comparons à nouveau avec un détail du tapis de la création, mère, serpent, et enfant.

    La toile de mon père est également prophétique, et aborde, situe la longue déchéance, le désordre et le désarroi mental d’abuela.

    Le serpent vient peu à peu à bout de la mère.

    Parmi les centaines de toiles réalisées par mon père, on peut retenir la série de deux ou trois toiles qu'il avait réalisées à chaque fois sur des thèmes différents. Aussi bien le thème pastoral du chasseur de chardonnerets, ou encore celui de l'homme priant devant un crucifix. Il s'était inspiré du Figaro et d'une photo après la catastrophe de Fréjus. Ou encore ceux de ma grand-mère, gravement atteinte d'alzheimer. Avec des tons bleus et verts évoquant la maladie et la terrible déchéance mentale qu'elle entraîne.

    Il a fait toute une série sur elle, comme pour ses auto-portraits. Il a fait mon grand-père aussi, et ses neveux. Il m'a aussi dédié l'un des ses derniers auto-portraits.

    Mon père lorsqu'il abordait un thème, revenait parfois dessus. A l'arrivée on ne conserve parfois que certaines photos de certaines toiles qui ont finit par atterrir dieu sait ou.

    Il faisait de même du point de vue de la composition. Par exemple lorsqu'il partait sur les neutres pour travailler les fonds, puis en venait aux verts pour les arbres, et à toute une palette de couleurs.

    Des marrons, des ocres, des gris, une pointe de rouge pour bleuir les extrémités. Sa connaissance des gammes, la facilité avec laquelle il réussissait à glisser des milliers de coloris, à innover dans le choix des couleurs, reste quelque chose d'assez ahurissant. Ses tonalités, ses effets de sur-tons étaient exceptionnels de nuances et d'effets colorimétriques.

    Il ne se lassait pas de travailler avec les pinceaux, de venir et de revenir, de gratter comme on dit dans le jargon des peintres en bâtiment. C'est un peu la même chose pour les tables ou les meubles, on met en réalité peu de peinture sur le pinceau, on va et on revient, doucement, chaque chose en son temps. Sa mesure personnelle des étapes de travail, du déroulement des opérations était exceptionnelle. Quelle maîtrise, quelle maestria. Sa hauteur de vue impressionnait.

    Il a aussi réalisé des portraits de ma mère, d'amis, d'autres personnes de la famille. J'ai baigné très tôt dans cette atmosphère particulière. J'avais un papa surdoué, et je réagissais comme un gamin auquel on ouvre les portes du secret et du monde. J'étais éberlué, privilégié est le terme exact.

    Malheureusement, mes deux frères ne partageaient pas mon goût et ma passion pour le travail qu'il faisait, du moins pas autant que moi. Pour autant, je n'ai pas vraiment fait mes preuve plus qu'eux, et je veux bien faire amende honorable, car je n'ai jamais trop eu le temps de peindre, enfin jamais énormément. Le problème est plutôt que les autres passions de mes deux frères prenaient le dessus sur la peinture. Mais je n'étais pas non plus particulièrement travailleur, contrairement à mon père qui était une bête de travail. Mais j’aimais beaucoup travailler avec lui à l’atelier. L'émerveillement était permanent chez l'enfant que j'étais; on ne pouvait le regarder travailler et le suivre sans être émerveillé.

    Par contre, j'assimilais sa technique, une bonne partie de son savoir. J'aimais beaucoup le regarder travailler, j'étais ébahi. Et pourtant, c'est tellement ridicule si l'on se base sur l'histoire de l'art, sur le marché de l'art. Il était un peintre tellement ignoré pour ne pas dire en partie rejeté par la société, même s’il a connu ses heures de gloire. Mais on apprenait toujours quantité de choses à le regarder peindre.

    Sur ce que je l'ai vu faire, concernant certaines tables, certains meubles, certains décors floraux, naturels ou aquatiques, je dois dire que je lui vouais une admiration sans borne, moi qui reste il faut bien le dire un individu assez ordinaire, voire médiocre, mais je ne veux pas non plus trop noircir le tableau en ce qui me concerne. Mais il est certain que sa charge de travail et sa capacité artistique, sa faculté à réaliser de grand décors floraux étaient quelque chose de très impressionnant pour l'enfant admiratif de son « padrazo » que j'étais et suis toujours resté.

    Je l'ai aidé à l'atelier aussi durant une bonne quinzaine d'années. J'ai démarré l'atelier à 8 ans et l'usine à 16, par la suite je me suis embourgeoisé, j'ai continué l'école, mais au fond on n'y apprend pas grand chose d'autre que la haine et le mépris des différences. C'est un lieu ou l'on monte les gens les uns contre les autres facilement, l'endroit de toutes les manipulations aussi. A l'atelier, on ne ment pas, on connaît la qualité de chaque personne et ses capacités. Tout s'évalue dans un atelier.

    C'est vrai que parfois, mon père me traitait un peu comme un microbe, mais je n'étais pas spécialement débrouillard ou manuel non plus, ni trop doué. Par contre, je faisais les grecques, je passais la mixtion, je faisais les dorures et bien d'autres choses. J'étais l'avorton comme le dit Jésus, le trublion, mais je respectais mon père, et mes frère le dérangeaient plus qu'autre chose. Surtout avec leurs vélos.

    Je dois le dire par respect pour le public, sa disparition m'avait plongé dans le désarroi, je ne comprenais plus ou j'étais. On ne peut vivre aux cotés d'un tel monument sans y laisser quelque chose qui appartiendra pour toujours à l'histoire. Il est mort dans l'injustice, au plus fort des ravages causés par le sida, dans un monde livré à lui même. Il a laissé son empreinte, sa patte magique, et il est parti rejoindre quelque part les siens, ceux qui sont quelque part aussi des nôtres, car notre peuple a connu ses heures de souffrance aussi. Il laisse un grand vide derrière lui, qui n'a pas été comblé jusqu'à présent.

    Actuellement toujours en CDI depuis avril 2017, et j'ai eu l'occasion de travailler notamment pour le métro de Santiago du Chili oû le pape s'était rendu en visite. J'ai travaillé sur des règles de mesure, des grues sur lorry, des barrières de rail. Je suis plus en sécurité aujourd'hui, même si mon père et David me manquent.

    Je sais bien aussi, et le secret militaire peut s'apparenter à une vision des choses, mais vide de sens, que l'on travaille à la conception. Je suis aussi sur des plateaux, toute sorte de matériel. Je fais beaucoup de dessin industriel

    Dernièrement j'ai travaillé sur un plateau lorry motorisé. Nous sommes le leader national et exportons aux quatre coins du monde.



    Christian Diez Axnick.

     

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  • Psy 7 français



    Manuel Diez Matilla : un destin oublié

    Psychanalyse de l’œuvre de Manuel Diez Matilla

    7ème partie

    Refonte au samedi 4 décembre 2021

    Par Christian Diez Axnick



    « No te hagas el perrin », disait-il.





    Ci-dessous une table ronde ivoire faite par mon père, d’une grande richesse ornementale. Mais les photos n'apparaissent pas sur elkablog.

    Autre cliché des 4 portes avant d’un meuble de mon père. Ci-dessous une photo à Noël.

    Photo de famille, avec pupuce ( mohli ) et viking.

    De gauche à droite : Micaela, Carmen ( carmenchu ) en bas, Prudencio avec Maria Congost, à droite Don Primitivo. Je ne me souviens plus de l’autre personne au centre, Luisa que crois.

    Ci-dessous réunion de peintre en Espagne.

    En bas, un de mes travaux de composition moderne. Il m’a demandé une foule d'études de conception et une disposition poussée de l'harmonie des couleurs. Le visage se plie et se déforme, se contorsionne. Le nez rejoint une oreille en forme de sein. J’ai emprunté certaines idées à Pruden.

    Comme je peints très peu, je m'efforce de travailler la conception, et je travaille à des oeuvres modernes on va dire, car je suis dessinateur projeteur. Mais faute de temps, j'ai un peu perdu le fil de la peinture. Je suis sur un tableau classique de ma femme, avec des rameaux de moutarde.

    Mon père me prodiguait toujours de très bons conseils pratiques, et je les suivais de mon mieux.

    Mais après sa disparition, peu à peu, les réflexes se sont amenuisés. Je ne baignais plus dans l’ambiance de son atelier de peinture, dans les odeurs de la térébenthine et de la peinture à l’huile.

    Il avait un drôle de caractère, un caractère trempé, une sacrée conception de son métier. C’était un maniaque de la composition, de la perfection, de tout ce que l’on peut imaginer en peinture.

    Quelle force, quelle puissance de caractère et de volonté de bien faire et de perfection il dégageait.

    Je me suis après sa mort de plus en plus orienté vers la CAO-DAO, l’informatique, j’ai fait pas mal de plans EXE par exemple, sur AUTOCAD. Partant de là ma vie professionnelle s’est trouvée absorbée par le monde des bureaux d’études au fil des années. De plus en plus vers le technique, le génie civil, la CVC, la HVAC, la plomberie et ainsi de suite. Puis le ferroviaire il y a plus de deux ans déjà jusqu'à aujourd'hui.

    En fait, j’ai rendu service à la France, mais ma carrière artistique s’est retrouvée en suspens.

    Il y a quelques années, des journalistes présentaient Gérard Garouste à la télévision, qui est le plus grand peintre moderne français. Je l’aime bien aussi, c’est un fait, puisque mon père a travaillé durant l’essentiel de toute sa carrière avec Garouste et Jeumont, les gérants du Décors du Logis, rue du Faubourg Saint-Antoine à paris, enfin anciennement. Aujourd’hui, les trente glorieuses sont terminées, révolues. Mais quelle époque c’était. Il a eu je crois jusqu’à 10 employés sous ses ordres. J’allais livrer avec lui étant petit rue du Faubourg Saint-Antoine, avec sa fameuse Fiat 238, la fourgonnette qui ne l’a jamais quitté. Lorsque j’ai demandé son enlèvement, car elle était vieille et à l’état de carcasse, d’épave, il ne me l’a jamais pardonné par la suite.

    On s’était mal compris ce jour là. Je lui avais suggéré de demander l’enlèvement avec l’Opel de ma tante Angelita et il m’avait répondu que oui, mais finalement ils n’avaient enlevée que la fourgonnette, et pas la voiture. Mon père ne voulait pas que mon cousin qui est garagiste récupère le moteur.

    Il a tout de même produit en 20 ou 30 ans des centaines de meuble et de tables sublimes et inoubliables, et travaillé ainsi du coté donc du Faubourg Saint-Antoine, avec les ébénistes aussi, durant tout le milieu de sa vie. Il avait d’autres clients à Biarritz et à Tours. A Deauville aussi, les mêmes que ceux de Tours. Quel règne il a eu, celui d’une domination picturale sans partage.

    Actuellement je suis sur la préparation d'un opus ( Opus 42 ) sur la laque de Chine et le mobilier asiatique. J'y parlerais davantage de ce métier et de l'ameublement, en insistant sur l'histoire de la laque de Chine et du Coromandel.

    Aujourd’hui, pour tout vous dire, je mène une vie un peu monotone et un peu médiocre aussi, son génie n’est plus là, son assurance, sa poigne non plus, alors de temps en temps je me laisse un peu aller à la routine, à mes souvenirs perdus, et je pense aux heures de gloire presque en pleurant.

    Tant d’autres sont disparus aussi dans ma famille après lui, des figures familières, pour commencer mon frère David, puis du coté de mon père, Vénancio son frère aîné, puis Vicente ( Petente comme on le surnommait; Méré, sa femme, nous a rendu visite il y a quelques années avec sa nièce Ouria, elle vit à Toro ). Mes deux oncles sont donc ainsi morts après David. Puis ma tante d’Allemagne, Edith, est disparue aussi, il ne reste plus que Marita et Gerda, Helga est morte avant mon père, après la disparition d’Hulda, ma grand-mère, qui a suivi mon grand-père je crois.

    Mere ( Emerenciana ) nous a invités à Toro en août 2021. Elle possède un appartement là bas, dans le cité d'Elvire, à un angle de rue justement de l'ancienne maison d'Elvira, une des deux filles du Cid avec Sol. Angelito a tenu un cybercafé à la sortie de Toro.

    Javi, lui, vit à Guardamar del Segura, avec sa femme Loli, son fils Noël qui nous avait rendu visite avec sa tante Méré, et une petite est venue aussi, Victoria. La majeure partie de ma famille d’Espagne repose au cimetière de Toro, dans le caveau familial. Vicente a une tombe à part. Virginie, la fille de Ramon, loue un grand parc avec un lac, des fruitiers et des eucalyptus, oû elle tient désormais un restaurant; ça peut rapporter, le parc dispose de 10 terrains de boule. Il est immense. Elle emploie deux cuisiniers, Javi a travaillé avec eux. C'est peut-être l'avenir. Michaël, le frère de Virginie, a eu une petite fille, Alicia. Sa femme est chinoise. Ramon veut partir en Espagne pour sa retraite. Joëlle a des problèmes de santé assez importants qui se sont encore aggravés ces derniers temps..

    J’ai commencé des tableaux mais je n’arrive pas à les finir faute de temps et de moyens. Marisa elle, la femme de Bernardo, mon cousin, un des fils de Vénancio, s’est lancée dans les icônes depuis de longues années.

    Photo de nous trois tous petits, devant des « andas ». David à gauche en chemise jaune et Ingo au centre en chemise rayée.

    Quelque part, il faut bien le dire, le déficit de démocratie dans ce pays a ouvert la voie au totalitarisme. Lorsque les rangs conservateurs ne sont pas devant, des élans de restauration se font jour peu à peu. La grande époque de Manuel Diez n’a rien à voir avec ce nouvel intégrisme, ce nouveau sectarisme intellectuel. Au contraire, c’est une époque de pionniers, une véritable épopée pour l’artisanat. L’artiste est émancipé, il mène une vie nous l’avons dit livresque et proche de son temps et de ses modes, il s’investit. Mais déjà, on presse dangereusement le citron. Déjà, on surexploite les bonnes volontés, on amaigrit le pouvoir d’achat des entrepreneurs de talent, des ouvriers qui les suivent dans l’aventure.

    On le voit à ce cliché, nos produits n’étaient plus adaptés au nouveau temps du laser-disc, qui a quelque part apposé sa signature sur la fin de cette grande époque ( chaînes HIFI, VIDEO, disques 33 tr, bibliothèques … ). Pour bien faire à vrai dire il faudra repasser par des études, puisque les études avaient été faites pour les meubles que nous faisions. Mais là il faudrait carrément un bureau d'étude et des ateliers.

    Nature morte de mon père. Le trait, le dessin ( el trazo, el dibujo ), la propreté et la variété des nuances, des tons et des couleurs, caractérisent ses œuvres, la composition aussi. C’est une composition d’arrangement, de disposition et de volume. " El trazo es muy importante, la cantidad de pintura es muy importante ", disait-il.

    Mon père et moi au début des années 70. Il devait cesser de fumer d’un jour à l’autre. Moi je suis en train d’arrêter peu à peu. J'ai restreint le tabac. Je ne désespère pas d’y parvenir, je prends des nicopass. J'ai fortement diminué.

    En ce moment je suis sur un plateau lorry motorisé, j'avais terminé les plans de deux règles de mesure pour le métro de Santiago du Chili il y a quelques années. Il s'agissait de règles graduées avec des jauges.

    J'ai aussi implanté une grue sur des plateaux lorry, et fait des barrières sur rail. Je travaille en étroite collaboration avec l'atelier, les monteurs et les soudeurs.

    Je fais beaucoup de dessin industriel depuis avril 2017 chez le leader national en matériel d'entretien de voies ferrées. Mais mon rêve reste de faire des meubles et des tables à nouveau. Y compris en employant les métaux, la gravure et le bois.



    Christian Diez Axnick.

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